Adapter les relations avec la personne en situation de handicap

Handicap

par Juggle

Adapter les relations selon le besoin de la personne peut notamment aider à développer son autodétermination. Voyons ensemble ces différentes formes de relations.

Deux personnages sont reliés par un fil rouge

Les professionnel·le·s du secteur médico-social savent bien qu’il est important et nécessaire d’adapter les différentes formes de soutien et d’accompagnement offertes selon le besoin de la personne en situation de handicap. Cette adaptation permet aussi d’aider à développer l’autodétermination de la personne accompagnée.

Adapter la relation selon le besoin

Dans tout accompagnement, nous oscillons entre six différents types de relations, selon les potentialités de la personne accompagnées, son évolution, les difficultés rencontrées et nos réactions. Être attentif durant l’interaction, au cours des différents échanges, permet de comprendre ce qui se met en place entre nous et la personne accompagnée.

Si la relation n’est pas bénéfique pour la personne ou pour nous, elle peut diminuer l’avancée de la personne ou épuiser l’une des deux parties. Par conséquent, adapter cette relation en fonction de l’objectif de l’activité mise en place, des indices relevés dans la situation, permet de rééquilibrer l’échange.

Par ailleurs, toutes ces formes de relation sont nécessaires à différents moments de l’accompagnement. Ainsi, les reconnaître et les ajuster sont une clé pour amener la personne accompagnée à adopter des comportements autodéterminés.

Il existe 6 types de relations

Lors de l’accompagnement d’une personne avec troubles du neurodéveloppement (TND), nous mettons en place un environnement particulier, propice à l’accès à son plein potentiel. Par exemple, nous adaptons la salle, nous diminuons certains stimuli selon sa sensibilité. Nous guidons aussi les apprentissages selon ses forces et ses limitations.

Par ailleurs, les relations existantes entre la personne accompagnée et les professionnels façonnent aussi l’environnement.

La relation de civilité

La relation de civilité est ritualisée. Ainsi, elle comprend les obligations sociales, la courtoisie et la politesse. Puis elle répond à un code culturel et social, où chaque personne dans l’interaction a un rôle à jouer.

De plus, elle permet de créer des repères identitaires, pour faciliter la reconnaissance des différentes personnes. Elle permet aussi la mise en place de la confiance, de poser les bases d’un accompagnement serein. De sorte que la personne peut identifier les différents interlocuteurs.

Lorsqu’elle est en confiance, elle pourra alors s’identifier à ces personnes pour les imiter. Elle développe ainsi certains schémas sociaux pour mieux s’inclure dans la société, respecter les règles sociales.

La relation de soin

La relation de soin est centrée sur l’usager et le soin. Il peut s’agir du soin physique comme du soin psychique. Dans cette relation, nous touchons à l’intime de la personne. Que ce soit par le toucher direct de son corps ou dans l’accès à l’intime de ses pensées et croyances. Il est donc important que la confiance existe entre les deux personnes concernées.

Par ailleurs, cette relation permet d’échanger et de transmettre des informations, sur l’acte en lui-même, ses conséquences et de recueillir la parole de l’usager. C’est pourquoi elle facilite l’identification des besoins et des demandes, dû à la proximité qu’elle engendre.

En outre, elle permet de reconnaître les ressources auxquelles a accès la personne accompagnée ainsi que de l’aiguiller vers ces ressources. En effet, les émotions ont une place importante dans cette relation. Comme nous sommes sur le versant de l’intime, elles peuvent émerger. Nous pourrons ainsi les reconnaître et les faire reconnaître par la personne.

La relation d’empathie

La relation d’empathie permet de faire le lien entre ces émotions qui peuvent émerger et leur signification. Par l’écoute active et compréhensive, elle permet de comprendre la cause de l’apparition d’une émotion.

En sorte que l’évaluation des besoins de la personne et la reconnaissance de ses émotions améliorent la prise en charge en personnalisant le soin et en gérant les difficultés émergentes de façon bienveillante.

Aussi, cette relation permet de développer les compétences émotionnelles de la personne ainsi que ses compétences cognitives, de mise en lien et de compréhension de situations différentes, potentiellement difficiles.

La relation d’aide

Lorsque la situation devient particulièrement difficile pour la personne, la relation d’aide peut apparaître. Elle se base sur la confiance et l’empathie. Dans ce cas, nous accompagnons complètement la personne dans ses comportements et ses émotions.

Pour que cette relation soit efficace et n’entrave pas l’autonomie de la personne, elle doit être bien structurée, limitée dans le temps. Si de façon ponctuelle, nous pouvons faire à la place de la personne, il est primordial pour le développement de son autodétermination qu’elle ne s’installe pas.

Par ailleurs, certains usagers peuvent chercher à développer et maintenir ce type de relation. En tant que professionnels ou aidants, il est parfois plus facile également de maintenir cette relation. Cependant, elle peut devenir pesante pour le professionnel ou l’accompagnant. En effet, elle demande beaucoup d’énergie et peut générer de la frustration chez toutes les personnes impliquées.

La relation de soutien

La relation de soutien peut venir remplacer l’aide. Sans faire à la place de la personne, nous sommes présents pour elle et nous l’accompagnons selon son besoin le plus important au moment présent.

Il peut s’agir d’un soutien émotionnel, où nous fournissons une protection ou une approbation à l’usager pour le rassurer. Le soutien d’estime peut ensuite suivre. En particulier, il vise à lui redonner confiance en lui et en ses compétences. Nous renvoyons alors une perception positive de la personne, de sa valeur et de ses ressources.

Enfin, le soutien informatif correspond aux conseils, à l’accompagnement dans la recherche d’informations et de ressources.

Par conséquent, cette relation de soutien s’adapte aux besoins de l’usager. Plus elle correspond à ce qu’il attend, plus cette relation sera bien perçue et acceptée. En outre, elle permettra à l’usager de reconnaître, pour mobiliser, toutes ses ressources.

La relation éducative

La relation éducative prend le relais de la relation de soutien. En effet, elle permet, avec un langage clair et précis, de développer les apprentissages de la personne.

En mobilisant ses ressources, la personne apprend à les orienter vers un but dans un contexte particulier. Si la relation éducative dans le monde du soin concerne parfois la compréhension de son trouble et de ses spécificités, elle peut également inclure l’apprentissage de comportements en autonomie et indépendance.

En accord avec les besoins et les connaissances de la personne, cette relation peut lui permettre de mieux se connaître et comprendre certains comportements. Elle lui permet également de développer son autonomie et son indépendance, tout en connaissant ses limites.

En effet, il est important de tenir compte des difficultés potentielles de la personne pour adapter les apprentissages, l’accompagnement pour lui permettre d’être la plus autonome possible.


Autrice : Laurie Pacini, psychologue clinicienne

Bibliographie

Abery, B. H., & Stancliffe, R. J. (2003). An ecological theory of self-determination: Theoretical foundations. In M. L. Wehmeyer, B. H. Abery, D. E. Mithaug & R. J. Stancliffe (Eds.), Theory in self-determination: Foundations for educational practice (pp. 25-42). Springfield: Thomas.

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