Entretien avec Anthony, psychomotricien en IME

Handicap

par Juggle

Partez à la rencontre d'Anthony Soter, psychomotricien en IME et SIPFPRO. Découvrez son métier et son regard sur le secteur médico-social.

micro sur fond jaune

Qu’est-ce que le métier de psychomotricien ? Comment l’exerce-t-on au sein d’un Institut médico-éducatif (IME) et d’un SIPFPRO (Section d’Initiation à la Première Formation Professionnelle) ?

Pour répondre à ces questions, on est allé à la rencontre d’Anthony SOTER, psychomotricien D.E. et cadre technique.

Anthony Soter, psychomotricien

Titulaire d’un Master de psychomotricité, Anthony possède également un D.U. de psychologie du développement cognitif et social, et un D.U. de clinique de l’adolescent.

Anthony a essentiellement travaillé comme psychomotricien auprès de personnes de tous les âges de la vie, en France et à l’étranger. Il travaille actuellement au sein de l’IME – SIPFPRO Les vallées de Brunoy

Le métier de psychomotricien

Comment voyez-vous votre métier : une vocation, un heureux hasard ou une suite logique dans votre parcours personnel ou professionnel ?

Anthony Soter : Pour ma part, c’est avant tout une manière de m’épanouir, de faire preuve de créativité et d’innovation mais surtout d’assouvir ma curiosité. Ensuite, s’engager à aider autrui dans la découverte et le déploiement de ses potentialités est une perspective enrichissante sur le plan à la fois personnel et professionnel. Concernant la notion de vocation, elle a des consonances et des origines religieuses qui, selon moi, constitue pour partie un piège et un frein à la démarche réflexive inhérente à ma profession.

Comment définissez-vous votre métier en une seule phrase ?

A.S. : Ma profession, psychomotricien, consiste à analyser les interactions entre l’affectivité, la motricité, la cognition et la sensorialité d’un individu dans son milieu et au travers de son vécu pour, le cas échéant, l’écouter, l’accompagner dans son projet de vie, le conseiller, dépister ses éventuels troubles, contribuer à l’établissement de son diagnostic médical et/ou lui prodiguer des soins psychomoteurs.

Pouvez-vous nous raconter une journée type de votre métier ?

A.S. : Ma profession, psychomotricien, consiste à analyser les interactions entre l’affectivité, la motricité, la cognition et la sensorialité d’un individu dans son milieu et au travers de son vécu pour, le cas échéant, l’écouter, l’accompagner dans son projet de vie, le conseiller, dépister ses éventuels troubles, contribuer à l’établissement de son diagnostic médical et/ou lui prodiguer des soins psychomoteurs.

Pouvez-vous nous raconter une journée type de votre métier ?

A.S. : J’arrive le matin à 8h00, je prépare la salle de psychomotricité, je lis les derniers éléments du projet personnalisé informatisé des jeunes que j’accompagne, je vérifie les présences et absences des professionnels et jeunes sur notre logiciel. Ensuite, je lis quelques articles issus de ma veille documentaire du jour. A 9h00, je passe à l’entrée de l’établissement pour saluer les jeunes qui arrivent et j’en profite pour les observer et leur signifier ma disponibilité. Certains s’arrêtent pour m’exprimer leur état du jour.

Une fois l’essentiel des jeunes arrivé, je vais en réunion de synthèse, de commission diagnostique, de commission d’admission ou encore de coordination des parcours de soin, selon les jours. Sur le reste de ma journée, j’ai des temps d’examen clinique, de séance en individuel ou en groupe ainsi qu’au moins une séance groupale transdisciplinaire avec un de mes collègues non-psychomotricien.

Tout cela, étant coupé de temps d’échanges professionnels, de rédaction, de recherche documentaire, de visionnage de webinaires ou protocoles cliniques, d’enseignement auprès de mes stagiaires et apprentis ou encore d’entraînements personnels à des techniques et méthodes en psychomotricité. Je repars en moyenne vers 18h30, souvent fatigué et satisfait.

Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?

A.S. : J’adore la diversité des taches que je peux réaliser : lire des articles scientifiques en sciences biomédicales, en sciences humaines et sociales ou encore en sciences de l’éducation ; exprimer ma créativité au sein de ma pratique ; partager des moments de vie avec mes patients ; proposer des formations professionnelles ; mener des investigations cliniques ; élaborer, conduire et coordonner des projets de soin.

Si vous deviez modifier ou améliorer une chose dans la pratique de votre métier, ce serait quoi ?

A.S. : Une meilleure acculturation scientifique des étudiants en psychomotricité pourrait permettre à l’ensemble des psychomotriciens d’améliorer la qualité de leurs actes, d’homogénéiser (et non uniformiser) nos pratiques pour plus de lisibilité et de crédibilité mais également de faire évoluer le profil sociologique des psychomotriciens.

L’évolution numérique du secteur médico-social

Quel est votre rapport avec les outils numériques ?

A.S. : Bon et j’en use chaque jour.

Quel regard portez-vous sur la transformation numérique dans le secteur médico-social ?

A.S. : Je pense que c’est important pour améliorer la coordination des parcours, la communication interne et l’accompagnement des usagers. L’élément que je déplore c’est que les professionnels du secteur sont trop peu formés à l’utilisation de ces outils et insuffisamment accompagnés à cette transformation. Pour certains, en résultent une perte de sens, de l’auto-dépréciation et un renforcement de leurs résistances au changement.

Avez-vous des appréhensions ou au contraire des espoirs concernant cette évolution ?

A.S. : J’espère que la transformation numérique permettra la mise en place d’un dossier informatisé de l’usager transposable d’un ESSMS à l’autre. En effet, trop d’informations sur l’usager se perdent dans son parcours de vie. Qui plus est, la multiplicité des outils et logiciels ne permet pas aux professionnels de s’y retrouver, sans compter la dimension potentiellement chronophage que cela engendre. Il me paraît pertinent qu’au sein du même logiciel soient présents des supports d’évaluation, des supports de restitution et des supports de communication. Ensuite, j’ai pour espoir que des ponts avec le dossier médical partagé puissent se faire afin d’améliorer la communication et la coordination entre les secteurs libéral, sociaux, médico-sociaux et sanitaires.

L’avenir dans le secteur médico-social

Si vous vous projetez dans le futur, vous vous voyez où et comment dans 10 ans ?

Anthony Soter : Je n’ai aucune certitude sur ce point et c’est d’ailleurs une part de ce que j’apprécie.

(Propos recueillis en juin 2022)

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